Délivrance !
Hello! Vous vous souvenez de moi ? L’épouse délaissée au profit d’un mirage technologique. Le dommage collatéral d’un type dont la persistance rétinienne dure depuis 13 mois maintenant. La colocataire d’une encyclopédie Tesla bipède. L’aide-soignante d’un Model S addict, Dual Motors en sus. Le dénouement est proche. Plus que 15 jours à souffrir, sourire, rêver, imaginer. Tiens bon mon Doudou. Tu peux le faire. Tu va le faire.
IL L’A FAIT.
Taratata, sonnez clairons ; haubois et musettes manquent un peu de virilité. Le 15 avril 2015 à 16:48, l’image réelle se substitue enfin à la fantasmée. L’homme découvre la bête, SA bête. Un pied sur la lune, ô temps, suspend ton vol…
Premier contact timide avec la poignée de la machine, premier effleurement du volant, caresse sur la pédale, boule dans la gorge. Son premier vélo n’a pas du lui faire le même effet. Sur le siège passager, l’officiant Tesla –encore un Benjamin dans notre histoire avec la marque- tout en sourire, humour et efficacité explique. Tout. A peine la peine pour mon docteur ès mode d’emploi. C’est tout simplement formidable. Formidablement simple, formidablement convivial, formidablement évident. Plus simple qu’un smartphone.
Une heure plus tard on quitte la pouponnière sauf que c’est le bébé qui nous emmène. Sans cris, sans pleurs. Dans un merveilleux silence feutré. On ne roule pas, on glisse. Et on se sent un peu étranges –étrangers ?- brusquement plongés au milieu d’engins bruyants, fumants et pétaradants. On était vraiment comme ça avant? Y a deux heures ? Qu’on est bien dans notre bulle. Imaginez là, à cet instant le Dr. David Bowman flottant dans l’infini de l’Odyssée de l’espace. C’est PAREIL. Tellement ébouriffant qu’on a imaginé un super plan pour vraiment vraiment vraiment en profiter. Comment ? En parcourant 7000 kms en 20 jours. Si.
Comme ça, on saura tout de ce qu’elle peut faire, de ce qu’il faut faire et peut-être … ne pas faire. On va inonder en direct live la planète de renseignements conso, chargeurs, range… Ça va envoyer !
FLASH BACK :
Il y a quelques mois de cela, en pleine crise de manque de sa voiture à venir, à force qu’il me saoule avec la Norvège et les Norvégiens, j’ai proposé à mon cher et tendre un voyage vers ces lointaines contrées. Enthousiaste le loulou. A condition que je me charge de l’organisation. Ce qui n’est pas rien. Ce qui n’était pas rien surtout en octobre dernier puisque aucune des assurances « sérénité » apportées par Elon Musk en mars de cette année n’existait alors.
Partir du sud de la France pour aller jusqu’à la route de l’Atlantique … Je n’ai pas tout à fait l’insouciance de Christophe Colomb et il me faut me rassurer par des certitudes de ravitaillement. Entendez-moi bien. Pas pour moi : je suis adaptable. Pour la voiture. Déjà qu’avec le thermique je me crispe quand je suis sur la réserve –en Lozère, je ne vous en parle même pas-, je n’ose imaginer mon état dans cette même configuration électrique. Et encore moins celui de mon accompagnateur à devoir me supporter. Et puis là, franchement, on me demande un peu d’apprendre à monter à cheval sans cheval sous la main ou plutôt les fesses. Cette voiture dont alors je rêve aussi bien sûr, je ne la connais pas. Je l’ai essayée, je l’ai appréciée, je l’ai voulue. Mais nous n’avons pas encore tissé de liens d’intimité, de connaissance mutuelle. Aussi je pars un peu pas cool. Sûr que ça ne va pas durer. Mais en attendant, j’organise, je planifie. Mon bureau c’est National Geographic. Camp de base. Il y a des papiers partout.
J’ai commencé par acheter une carte de Norvège. HerreGud ! Faut avoir la langue vraiment souple, les cordes vocales toniques, une mémoire visuelle infaillible et de réelles capacités d’adaptation pour s’en sortir. Le même lieu porte plusieurs noms – de toute façon imprononçables-, le même nom est porté par plusieurs lieux fort éloignés les uns des autres et parfois, à une lettre près vous êtes au sud, au nord mais surtout complètement à l’ouest. Le pays est fichtrement long, 2000 km, de quoi calmer votre enthousiasme, même en Tesla. Qu’importe. Nous irons.
Je commence notre progression vers le nord à coup de superchargeurs. Le calcul -théorique certes- des consommations, le temps d’arrêt biberon, voilà de quoi fixer les étapes nocturnes. Jusqu’au nord de l’Allemagne, pas de souci. Point de tourisme intempestif sinon il nous faudra partir six mois ! Ensuite, ce n’est plus tout à fait pareil. Il faut choisir. Ce qu’on veut voir. Ce qu’on peut voir en fonction de la répartition des points de ravitaillement. Mais quand j’ai décidé de voir un truc je veux le voir, je pense donc à chercher d’autres chargeurs que les géniaux Tesla et me noie dans les plans de villes vikings. A priori ce n’est pas ce qui manque. Les chargeurs, pas les villes. Quoiqu’à y voir de près, ils ne sont de loin pas tous ouverts au quidam de passage. Réservés administration, résidents, clients d’entreprises. Je ne vais tout de même pas négocier des IPN ou des parpaings pour pouvoir poursuivre ma route. Mon mauvais esprit me souffle « Ça sert à quoi alors de les signaler ? » Je lui réponds de penser à le demander une fois sur place s’il parle norvégien d’ici là.
Bref, je prends de l’assurance. Et me dis que les relations humaines et une bonne rallonge adaptée doivent pouvoir sortir d’ennui le voyageur en peine panne. Parce que, quand on quitte les grands axes de circulation et qu’on veut s’égarer sur les prétendues merveilleuses petites routes, -je vous dirai ça sur place- on doit avoir plus de chances de rencontrer un bœuf musqué qu’un chargeur. Vaut d’ailleurs mieux que le bœuf ne charge pas. Aussi vais-je m’atteler –décidément- à trouver des hôtels branchés, des maisons d’hôtes au courant. Pff, c’est mauvais, j’arrête. Pas mes recherches, mes vannes.
Je m’égare, je bavarde. Je n’ai pas que ça à faire. Sur mon petit carnet tout gribouillé et raturé, j’avais fini par tracer les grandes lignes de notre périple de façon assez satisfaisante avec quelques concessions pour les déjeuners et dîners de notre véhicule. Paf ! Nous passons au Model S Dual Motors. Nouvelles spécificités et telle Pénélope je vais pouvoir sur le métier remettre mon ouvrage. Pourquoi Pénélope ? Parce que, si je n’ai sans doute plus de changements à attendre du fait de mon mari –encore que, ça fait trente ans qu’il m’étonne toujours-, les superchargeurs, eux, vont continuer à essaimer d’ici le printemps prochain. Et je pourrai choisir, gorgée d’électricité, entre une nuit dans une cabane de trolls en rondins perdue dans la montagne sous les étoiles ou un hôtel de zone commerciale bof, bof.
Teslatitude pour Teslattitude. Haha !
Vous en voulez une autre : Ach Tesla ! auf deutsch devient Achtesla (achetez cela) en français.
Jeudi 19 mars 2015. Halleluia !
Comment se sent-on après avoir passé des heures de galère à tenter de réussir des macarons ? Dans cet exercice on ne peut que tenter, la réussite n’appartenant pas à la vraie vie. Vous avez gâché des kilos de préparation, sinistré la cuisine, salopé le four, vous vous êtes brulé, englué, pour finalement sauver du désastre une dizaine de pièces à l’allure plutôt pimpante. L’obstination paie. Vous êtes très fière. Et là, votre premier invité apporte un bijou de boîte Ladurée… Dur !
C’est un peu ce que j’ai éprouvé quand Elon Musk m’a annoncé « deux nouvelles fonctionnalités » qui me promettent « toujours plus de sérénité grâce à la garantie d’autonomie et au planificateur d’itinéraire ». Vlan. Au secours Han Solo. On n’est plus des aventuriers alors ?
Elle est où ma sérénité devant mes 3 mois de notes, de calculs savants, d’infos croisées sur sites, blogs, green race, ev-tripplanner pour quetschi? A la trappe ? D’abord, j’enrage. J’aurais dû plutôt aller au cinéma. Ensuite je déprime. L’époque héroïque de la Tesla est déjà quasi terminée. Quand je pense à ma grand mère qui nous bassinait parce que tout allait trop vite ! Là, entre la décision d’acheter la voiture et sa livraison c’est une révolution qui a eu lieu. SBBCFF diraient nos amis suisses : « Zébabossibleçafafite ». Un peu oui, ça colle même carrément le tournis. Mais c’est ZENIAL dirait mon petit-fils. Ouais. OK Musk. C’est effectivement zénial de savoir que sauf à le vouloir, on ne PEUT PAS tomber en panne de jus. Je trouve assez exotique d’ailleurs cette idée qu’on puisse vouloir tomber en rade.
Concluons : mon optimisme indécrottable à cette heure reste à confirmer lors de notre Norge Road Trip prévu début juin. On va voir ce qu’on va voir. Je demanderai à la voiture de vous partager son journal de bord. Pour épater ses copines…
PS : Ne le répétez pas. Je mets ça en ligne alors que mon Doudou est dehors à passer pour la deuxième fois de la journée la voiture au jet. Alerte pollen de pin. Vous connaissez la Tesla canari ?